Les auditions ouvertes ce lundi par la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (CNLCEI) visent à faire la lumière sur les soupçons de corruption entourant le contrat signé en 2023 entre le Gabon et la société turque Karpowership. Ce contrat, qui visait à mettre fin aux délestages dans le Grand Libreville, a finalement été rompu, mais il soulève aujourd’hui de nombreuses interrogations.
Au cœur de l’enquête, deux membres du gouvernement de transition : Mays Mouissi, ancien ministre de l’Économie aujourd’hui en charge de l’Environnement, et Charles M’Ba, ministre des Comptes publics. Tous deux sont soupçonnés d’avoir exigé des rétro-commissions lors de la conclusion de cet accord évalué à 12 milliards de francs CFA par mois.
Selon un courrier adressé au Procureur de la République, la CNLCEI élargit son enquête à d’autres acteurs clés impliqués dans la gestion du contrat, notamment des cadres de la Société du Patrimoine, de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG), l’ancien directeur général du Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS), ainsi que l’actuel délégué spécial de la commune de Libreville.
Les accusations portent sur des soupçons de détournement de fonds publics, de corruption, d’enrichissement illicite et de conflits d’intérêts. La Commission cherche notamment à comprendre pourquoi un contrat jugé peu avantageux pour l’État gabonais a été signé. Parmi les clauses controversées figure l’obligation pour l’État de fournir le fuel nécessaire au fonctionnement des navires de Karpowership, un arrangement qui interroge sur les véritables motivations des signataires.
Alors que les auditions se poursuivent, l’opinion publique suit de près cette affaire qui pourrait révéler un vaste réseau de malversations au sein de l’administration gabonaise.