Après la Transition, le temps de l’action pour Oligui Nguema

Au lendemain de la présidentielle du 12 avril 2025, le Gabon s’apprête à tourner une page historique. Après vingt mois de Transition engagée à la suite du coup d’État du 30 août 2023, les projecteurs sont désormais braqués sur le général Brice Clotaire Oligui Nguema, massivement élu par les Gabonais, avec une écrasante majorité de 90,35 %. Une victoire sans équivoque qui consacre l’espoir d’un peuple en quête de changement, de stabilité et de progrès.

Le pays tout entier attend de cette nouvelle ère un souffle nouveau, capable d’impulser un véritable redressement. Le nouveau président, auréolé de son rôle de « libérateur » du régime Bongo, hérite pourtant d’un Gabon profondément marqué par des retards structurels. Le mal est ancien et s’est aggravé avec le temps : infrastructures vétustes, jeunesse massivement au chômage, institutions sclérosées, économie peu diversifiée, corruption omniprésente, crise de l’eau et de l’énergie, services publics à bout de souffle… Autant de maux auxquels Oligui Nguema devra s’attaquer avec fermeté et méthode.

Durant la période transitoire, des efforts ont été amorcés pour remettre à flot certains secteurs et relancer quelques chantiers laissés en friche. Mais les Gabonais attendent aujourd’hui bien plus qu’une simple reprise administrative. Ils espèrent un plan clair, structuré et ambitieux pour améliorer concrètement leurs conditions de vie, pour que les promesses électorales ne restent pas lettre morte. En ligne de mire : l’accélération de la croissance économique, la diversification des revenus, la maîtrise de la dette publique, la modernisation des institutions, la réforme en profondeur des entreprises d’État, la création massive d’emplois et un retour à l’efficacité dans la gestion du pays.

Les défis économiques sont immenses. La Banque du Commerce et de l’Entrepreneuriat du Gabon (BCEG), créée avec une dotation de 20 milliards de francs CFA, a donné un premier signal fort en faveur de la jeunesse et des porteurs de projets. Mais cela ne suffit pas à résorber un chômage endémique qui touche près de 36 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans. L’heure est venue de déployer une politique active de l’emploi, d’attirer les investissements dans des secteurs à forte valeur ajoutée, et d’assurer un accès généralisé à l’eau et à l’électricité. Les coupures récurrentes et les délestages nuisent non seulement au quotidien des ménages, mais aussi à la compétitivité des entreprises. La restructuration de la SEEG, envisagée sous forme de scission en deux entités indépendantes, pourrait marquer une étape décisive vers une meilleure performance.

Sur le plan institutionnel, la mission du chef de l’État sera d’autant plus délicate qu’elle implique de casser des habitudes profondément enracinées. L’appareil administratif souffre depuis trop longtemps de pratiques contre-productives : lenteurs, clientélisme, népotisme, absence de résultats. Il faudra réformer en profondeur pour instaurer une gouvernance moderne, rigoureuse et orientée vers l’efficacité. Les grandes institutions comme la CNAMGS ou la CNSS doivent cesser d’être des gouffres financiers et redevenir des outils utiles au développement.

Autre dossier brûlant : celui de la dette. Estimée à 7 500 milliards de francs CFA, elle pèse lourdement sur les finances publiques et menace la capacité du pays à investir dans les secteurs sociaux. Le FMI prévoit un taux d’endettement de 78,9 % du PIB d’ici fin 2025, loin du seuil de 70 % recommandé dans la zone CEMAC. Il est donc urgent de réactiver les leviers de réduction de la dette pour restaurer la confiance des partenaires financiers et dégager des marges budgétaires utiles à l’amélioration des services de base.

L’éducation, la santé et la formation constituent également des priorités majeures. Le président Oligui Nguema devra veiller à construire de nouvelles infrastructures sur tout le territoire, améliorer les plateaux techniques des hôpitaux, revaloriser les salaires et les conditions de travail des enseignants, et adapter les formations aux exigences du marché. Des populations mieux soignées et mieux formées seront les véritables moteurs de la transformation du pays.

Les routes, quant à elles, sont le fil d’Ariane du désenclavement du Gabon. En moins de deux ans, près de 1 900 kilomètres de routes ont été bitumées sous la Transition. Mais le réseau demeure encore insuffisant pour relier efficacement les provinces entre elles. Investir massivement dans les infrastructures routières permettra non seulement de faciliter les déplacements, mais aussi de réduire les coûts de transport et d’alléger le panier de la ménagère.

Enfin, la question de la vie chère ne peut plus être éludée. Les Gabonais aspirent à vivre dignement. Les prix des produits de première nécessité ont flambé, aggravant la précarité de nombreux foyers. Le gouvernement doit trouver des mécanismes efficaces pour encadrer les prix et soutenir le pouvoir d’achat. L’objectif est clair : que chaque Gabonais puisse, au minimum, se nourrir décemment trois fois par jour.

En somme, Brice Clotaire Oligui Nguema arrive à la tête du Gabon avec une légitimité populaire forte, mais face à une montagne de responsabilités. Le pays compte sur lui pour rompre avec les erreurs du passé, impulser une gouvernance nouvelle et ouvrir enfin la voie d’un véritable renouveau. L’espoir est grand, et l’heure est désormais à l’action.

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