Une fois de plus, la communication gouvernementale prouve son incapacité flagrante à gérer une situation de crise. L’affaire du raccordement des installations de la SEEG à la centrale flottante turque a plongé le pays dans un chaos d’informations, laissant les citoyens perplexes et alimentant toutes les spéculations. Tantôt 15 milliards de francs CFA annoncés par L’Union, tantôt 1,8 milliard de francs CFA relayés par CTRI News, qui dit vrai ? Qui ment ? Et surtout, pourquoi le gouvernement reste-t-il muet face à cette cacophonie ?
Dans un pays sérieux, un sujet aussi sensible, impliquant des milliards de francs de dépenses publiques, aurait immédiatement fait l’objet d’une communication claire et rigoureuse. Mais au Gabon, c’est l’amateurisme qui règne en maître. Depuis plusieurs jours, la confusion alimente les réseaux sociaux, transformant ce dossier en un véritable scandale médiatique qui expose, une fois encore, les failles béantes du système de communication gouvernementale.
Le ministre de l’Énergie, Dr Davin Akouré, est en même temps le porte-parole du gouvernement. Une double casquette qui aurait dû lui imposer une communication exemplaire, surtout sur une affaire aussi cruciale. Pourtant, silence radio. Aucune clarification, aucune mise au point officielle pour rectifier les informations contradictoires qui circulent. Sur la page officielle du Ministère de l’Énergie et des Ressources Hydrauliques, la dernière publication date du 27 janvier. Un désert médiatique qui en dit long sur l’incompétence de ceux censés informer le peuple.
Que dire de la Communication Présidentielle ? Son absence est tout simplement révoltante. Le président Brice Clotaire Oligui Nguema s’est personnellement engagé à rétablir la situation énergétique du pays. Il a pris des décisions fortes, il a mis sa crédibilité en jeu pour assurer aux Gabonais un avenir énergétique plus stable. Mais derrière lui, son équipe de communication brille par son mutisme. Télésphore Obame, responsable de la communication présidentielle, et Max Olivier Obame, porte-parole de la Présidence, sont devenus des fantômes. Aucun démenti, aucune explication, aucun cadrage de l’information. Une gestion catastrophique qui met directement en péril l’image du Chef de l’État.
Comment est-il possible que les plateformes officielles du gouvernement et les médias publics – Gabon Première, Radio Gabon, Agence Gabonaise de Presse, Gabon Matin, Gabon 24 – restent silencieux face à un tel cafouillage ? Ce mutisme, loin d’apaiser, alimente la défiance du peuple envers ses dirigeants. L’opacité informationnelle nourrit le doute et donne l’impression que le gouvernement lui-même ne maîtrise pas ses chiffres.
Un fonctionnaire d’un organisme onusien, familier du Gabon, a récemment lâché un constat amer : « C’est toujours pareil avec le Gabon. Le Président fait des efforts, mais ses collaborateurs ne suivent pas. » Une vérité brutale qui se confirme jour après jour.
Le peuple gabonais mérite mieux que cette communication brouillonne et incompétente. Il est urgent que les responsables de l’information gouvernementale se réveillent et fassent preuve de rigueur. Trop d’amateurisme, trop d’improvisation, trop de silence coupable. Oligui Nguema a promis un Gabon nouveau. Il est temps que ceux qui gèrent sa communication soient à la hauteur de cette ambition.
Ibrahim Mayombo