Conflit Homme-Faune : les éléphants dévastent les villages, le ministère des Eaux et Forêts sommée d’agir

Dans plusieurs provinces du Gabon, les éléphants sortent de la forêt pour ravager plantations et habitations, mettant en péril la sécurité des villageois ; la population appelle le ministère des Eaux et Forêts à déployer des solutions urgentes.

À Mbigou, comme à Bitam ou Koulamoutou, les scènes se répètent : des palmeraies saccagées, des champs de manioc piétinés et, pire encore, des habitations endommagées par des défenses géantes. « La semaine dernière, un troupeau de dix éléphants a détruit ma plantation de maïs en une nuit », confie Paul Etambe, paysan à Minvoul. « Nous n’avons nulle part où fuir ; ces bêtes n’hésitent pas à renverser les portes de nos cases. » Le mercredi dernier, une femme âgée a été blessée au dos alors qu’elle cueillait des ignames ; son gémissement a alerté le quartier.

Cette multiplication des incursions animales traduit l’étroitesse croissante du corridor forestier et le manque de dispositifs de dissuasion. « Nous comprenons les besoins de conservation, mais la cohabitation devient intenable », explique Adèle Minko, représentante d’une ONG locale. « Le ministère des Eaux et Forêts doit installer des clôtures électriques, organiser des patrouilles de forestiers et financer des systèmes d’alerte dans chaque village. » Sans réponses rapides, les cultivateurs risquent d’abandonner leurs terres ; à terme, c’est tout un modèle de développement rural qui vacille.

Face à cette crise, les habitants demandent la création d’un fonds d’indemnisation et la mise en place de projets alternatifs de revenus — apiculture, pisciculture ou tourisme communautaire — pour réduire la dépendance aux cultures vulnérables. « Si l’État ne nous protège pas, c’est la désertification de nos villages qui s’annonce », prévient Jean-Léon Moussavou, chef de village à Franceville. À quelques semaines de la saison des pluies, le temps presse : sans intervention forte et coordonnée, les éléphants continueront leurs raids meurtriers, et le lien entre populations et protection de la faune s’en trouvera irrémédiablement rompu.

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