À Libreville, le 3 mai 2025, devant une foule rassemblée au Stade de l’Amitié d’Angondjé, Brice Clotaire Oligui Nguema a prêté serment comme président de la République gabonaise, après avoir remporté le scrutin du 12 avril avec 94,85 % des voix. Plus qu’une formalité républicaine, la cérémonie a été l’occasion pour le chef de l’État d’esquisser les grands axes de sa gouvernance. Un discours de vérité, sans ornement excessif, mais chargé de promesses fortes : la fin de l’impunité, une refondation de la justice, une administration réconciliée avec l’efficacité, et un Gabon redevenu acteur souverain sur la scène africaine et mondiale.
Dès les premières lignes de son adresse à la nation, le président Oligui Nguema a posé le ton : la page de la transition est en passe d’être tournée, et une ère nouvelle s’ouvre. « Vous avez choisi d’ouvrir un nouveau chapitre de notre histoire », a-t-il lancé, solennel, comme pour ancrer son mandat dans une logique de rupture assumée avec les dérives du passé. Cette rupture, il l’a d’ailleurs clairement revendiquée, en annonçant l’organisation prochaine des élections législatives et locales (27 septembre et 11 octobre), et l’installation complète des institutions de la Vᵉ République avant la fin de l’année.
Mais c’est sur le terrain de la gouvernance que le président a véritablement enfoncé le clou. En martelant la nécessité d’en finir avec les maux qui gangrènent l’appareil d’État – corruption, laxisme, paresse administrative – il s’est positionné en chef de file d’un chantier moral. « L’administration doit être performante », a-t-il martelé. Plus qu’un appel à l’ordre, une exigence de redressement. Car selon lui, aucun projet politique ne saurait prospérer sans une administration rigoureuse et au service du bien commun.
La justice, pierre angulaire de ce projet, bénéficie d’une attention toute particulière. S’inspirant des grandes figures et des enseignements de l’histoire, le président a rappelé que « c’est la justice qui élève une nation ». Une formule forte, appelée à devenir un marqueur du quinquennat. Le président entend ainsi remettre l’État de droit au centre de l’action publique, en garantissant une justice indépendante, impartiale et accessible. À travers cette réforme, c’est la restauration de la confiance entre les citoyens et les institutions qui est visée.
Sur le plan économique et social, Brice Oligui Nguema n’a pas éludé les urgences : santé, éducation, accès à l’eau potable, lutte contre la vie chère, emploi. Autant de chantiers cruciaux auxquels il entend s’attaquer avec « méthode et courage ». Il a renouvelé sa volonté de faire du Gabon une terre d’opportunités, misant sur la transformation locale des matières premières, la diversification économique et l’inclusion des jeunes et des femmes dans les dynamiques de développement.
En politique étrangère, le président a salué le retour du Gabon au sein de l’Union africaine, tout en exprimant des ambitions claires : accueillir le sommet de coordination de l’organisation continentale à Libreville en 2027, puis son sommet ordinaire en 2030. Des annonces qui traduisent un désir assumé de repositionner le pays sur l’échiquier diplomatique africain, après une période d’isolement consécutive au changement de régime de 2023.
Mais au-delà des programmes et des promesses, c’est un appel vibrant à l’unité nationale qui a clos son intervention. À travers un serment d’engagement, le président Oligui Nguema a tendu la main à tous les Gabonais, sans distinction. « Je prends un engagement, l’engagement de servir, de protéger et d’unir tous les Gabonais », a-t-il proclamé, la voix grave, devant un peuple suspendu à ses mots. Dans un pays encore marqué par les blessures du passé, ce serment résonne comme une promesse de réparation.
L’avenir dira si ce discours fondateur tiendra toutes ses promesses. Mais une chose est certaine : le chef de l’État a désormais lié son destin à celui de la Vᵉ République. Et il en a fixé les règles du jeu – celles de l’exigence, de la justice et de la rigueur.