La toile gabonaise est en émoi depuis l’annonce tragique du décès de Béatrice Zang, victime d’une agression brutale perpétrée par son ex-partenaire, Rodrigue Mintsa Menié. Dans un contexte où les féminicides prennent une dimension inquiétante, la présidente du Sénat de Transition, Paulette Missambo, s’insurge contre l’impunité persistante. Pour elle, il est impératif que la loi n°006/2021 du 6 septembre 2021, conçue pour protéger les femmes contre toutes formes de violences, soit appliquée avec une rigueur sans concession afin d’éradiquer ces crimes qui gangrènent la société gabonaise.
Outrée par le sort de Béatrice Zang, droguée, agressée, violée et poignardée sur la plage des Acaé, Missambo est sortie de son silence pour interpeller les plus hautes autorités de la transition. Le rapport « Féminicides 2023 », publié par l’ONU Femmes et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, révèle que 60 % des féminicides à l’échelle mondiale sont commis par des partenaires intimes ou des membres de la famille, une statistique qui trouve une triste résonance dans le drame de Béatrice. Dans un appel vibrant à l’action, la présidente du Sénat a demandé que la loi, notamment son article 36 qui prévoit la réclusion criminelle à perpétuité et des amendes substantielles en cas de viol accompagné de tortures ou d’actes de barbarie, soit appliquée sans délai pour que justice soit rendue aux victimes et que les auteurs de ces actes inqualifiables soient sévèrement sanctionnés.
Paulette Missambo a martelé : « L’existence de cette législation ne suffit pas si elle n’est pas pleinement appliquée et respectée ». Ces mots résonnent comme un avertissement sévère à l’ensemble des autorités et des acteurs judiciaires. L’indignation face à l’impunité et à l’inaction ne doit pas se dissiper, car tant que la loi restera lettre morte, les violences faites aux femmes continueront de faire des ravages. Le Gabon doit désormais faire face à la réalité implacable d’un féminicide qui tue une femme toutes les dix minutes à travers le monde, et il n’est plus question de tolérer des comportements qui bafouent les droits humains fondamentaux.
Ibrahim Mayombo