Les Fangs et l’Opposition au Gabon : Une Histoire de Dépendance et de Manipulation Ethnique

Depuis l’indépendance du Gabon, l’histoire politique du pays a été marquée par une forte présence de l’ethnie Fang, particulièrement dans la province du Woleu-Ntem, mais aussi à travers l’ensemble du pays. Cette ethnie, pourtant historiquement influente, semble se définir par une logique d’opposition systématique, souvent dictée par des intérêts personnels et ethniques plus que par un véritable désir de réformes pour le pays. À travers des figures politiques comme Jean-Hilaire Obame Eyeghe, Paul Mba Abessolo, André Mba Obame et aujourd’hui Billie By Nze, l’opposition fang au Gabon a parfois pris les airs d’une série de manœuvres opportunistes plutôt que d’un combat pour le développement du Gabon.

Billie By Nze, actuellement l’un des opposants les plus en vue face à Brice Clotaire Oligui Nguema, se positionne comme un leader de l’opposition, mais son discours, souvent trop axé sur des critiques sans propositions concrètes, laisse à désirer. Par ses prises de parole, il semble entretenir l’illusion d’une position d’opposant déterminé à apporter un changement, mais la réalité est qu’il reste un produit du même système. En multipliant les critiques du gouvernement de la Transition, Billie By Nze semble plus intéressé par l’idée de se maintenir dans la course au pouvoir que par la recherche de solutions réelles aux défis du Gabon. Sa posture se veut radicale, mais elle n’est en fait que le prolongement d’une tactique calculée pour conserver une visibilité politique et potentiellement se repositionner pour une future bataille électorale.

L’opposition fang, au fil des années, a incarné une logique d’opportunisme et de contradictions. Prenons d’abord l’exemple de Jean-Hilaire Obame Eyeghe, une figure marquante de l’opposition dans les années 1960, qui a d’abord défié le président Léon Mba. Mais au-delà de sa critique de Mba, son opposition s’est rapidement orientée vers une simple lutte de pouvoir, sans jamais porter un projet de réforme significatif. Obame, comme nombre de ses pairs, semble avoir vu dans son appartenance ethnique un moyen de mobiliser une base de soutien pour se faire une place dans la politique gabonaise.

Le même schéma se répétera avec Paul Mba Abessolo, ancien ministre et opposant d’Omar Bongo, qui n’a cessé de revendiquer pour son ethnie tout en ayant négligé de réels projets de développement pour sa région, l’Estuaire. Cette opposition de façade, tout en multipliant les critiques du pouvoir en place, a fait preuve d’une incohérence manifeste, puisque ses prises de position n’ont jamais été suivies d’actions concrètes. Ce qui prime ici, c’est une stratégie politique personnelle visant à maintenir des relations avec les puissants de l’époque, tout en se postant en opposant sans jamais abandonner la quête du pouvoir.

L’exemple de André Mba Obame, ancien ministre et candidat à la présidentielle de 2009, est également révélateur. Après avoir été un pilier du régime Bongo, il s’est retrouvé à l’opposition, mais sa contestation semble avoir été une stratégie pour rallier à sa cause non seulement les Fangs, mais aussi une part de la population gabonaise, sans jamais proposer un véritable programme politique. Sa transition du pouvoir à l’opposition a souvent été perçue comme une manœuvre, et non comme une prise de position idéologique profonde.

Pierre Claver Zeng Ebome, autre figure importante de cette opposition, a, lui aussi, adopté une posture critique envers le régime d’Omar Bongo, avant de collaborer directement avec lui. Ce va-et-vient entre l’opposition et le pouvoir est un motif récurrent parmi les leaders fangs, et il a tendance à discréditer leurs engagements, qui semblent davantage motivés par des calculs personnels que par une réelle volonté de réformes.

Dans ce contexte, il est également important de revenir sur le rôle du Pasteur Ernest Tomo, une figure à la fois religieuse et politique. Tomo, décédé, était un exemple typique de ce que l’on pourrait appeler un « faux opposant ». Son parcours politique, marqué par des prises de position oscillant entre la foi et la contestation, a souvent été perçu comme une manipulation des masses, cherchant à s’imposer comme une voix morale tout en nourrissant une ambition politique personnelle. Son décès ne change rien à la manière dont son engagement est perçu aujourd’hui : une opportunité de plus pour faire avancer ses intérêts dans un Gabon où la politique et l’ethnicité se sont trop souvent mêlées.

Enfin, Raymond Ndong Sima, l’actuel Premier ministre du Gabon, incarne également cette stratégie d’opposition que l’on retrouve chez nombre de ses prédécesseurs. Ancien opposant à Ali Bongo, Ndong Sima a bénéficié de la confiance du président Oligui Nguema pour prendre les rênes du gouvernement de transition. Cependant, ses prises de position restent souvent ambiguës. Il semble constamment hésiter, cherchant à maintenir une certaine distance vis-à-vis des autres acteurs politiques, tout en s’assurant de ne pas se compromettre définitivement avec le pouvoir en place.
Cette attitude tactique, qui consiste à ne jamais trop s’engager, pourrait se retourner contre lui à long terme, car elle laisse l’impression qu’il cherche à se préserver une option d’opposant pour l’avenir, dès que l’occasion se présentera.

L’opposition fang, dominée par ces figures successives, semble donc marquée par une profonde incohérence. Ces hommes, qui ont occupé des postes de pouvoir, semblent plus préoccupés par leurs propres ambitions que par un projet de transformation du pays. Ils ont abusé de leur position pour nourrir un discours de contestation, tout en échouant à proposer des solutions concrètes pour améliorer la vie des Gabonais.

La question qui se pose est simple : pourquoi, après tant de passage dans les hautes sphères du pouvoir, les Fangs ont-ils si peu contribué au développement de leur région et du Gabon dans son ensemble ? Une opposition qui reste dans le discours mais ne se traduit jamais en actions concrètes ne peut qu’échouer à long terme. Le Gabon mérite des leaders capables de dépasser les considérations ethniques et personnelles pour offrir un avenir réel à ses citoyens.

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