Sécurité routière : l’action de la DGSR entravée par l’absence de fourrière

Chargée de concevoir et d’appliquer la politique nationale en matière de sécurité routière, la Direction générale de la Sécurité routière (DGSR) traverse aujourd’hui une crise silencieuse mais profonde. Dans un contexte où les accidents de la circulation se multiplient dans le Grand Libreville, l’incapacité de cette structure à agir efficacement devient de plus en plus criante. Et pour cause : malgré des missions clairement définies par le décret n°01374/PR/MT du 30 novembre 2011, la DGSR reste dramatiquement sous-équipée.

Radars absents, véhicules de patrouille hors d’usage, signalisation déficiente, et surtout, absence totale de fourrière : la DGSR se retrouve dans l’impossibilité d’assurer pleinement son rôle. Pourtant, les textes sont explicites. Il s’agit notamment de veiller au respect de la limitation de vitesse, de libérer les trottoirs pour les piétons, et de mettre en fourrière les véhicules stationnés de manière abusive. Mais dans les faits, rien de tout cela n’est réalisable.

Le ministre d’État Ulrich Manfoumbi Manfoumbi a bien tenté de relancer l’action de l’administration en annonçant, dans un communiqué daté du 16 mai, une politique de « tolérance zéro » face aux infractions routières. Il a promis des patrouilles renforcées, des sanctions immédiates, et une reprise en main du secteur. Toutefois, cette posture volontariste se heurte à une vérité brute : la DGSR est désarmée. Comment retirer un véhicule en stationnement dangereux sans fourrière ? Comment contrôler les excès de vitesse sans radar ni personnel mobile ?

L’écart entre le discours politique et la réalité opérationnelle devient alors un véritable paradoxe. Le ministère exige une stricte application du Code de la route, cite la loi n°003/2006 pour justifier des peines de prison, mais laisse l’administration responsable de ces missions dans une impasse logistique. Les agents de la sécurité routière, censés incarner l’autorité de l’État sur les routes, se retrouvent impuissants, confrontés à des situations qu’ils n’ont ni les moyens ni les outils de résoudre.

Ce blocage révèle une défaillance structurelle qui ne pourra être comblée par des discours musclés. La crédibilité de la politique de sécurité routière repose sur la capacité réelle des institutions à agir. Sans équipements, sans véhicules, sans infrastructure de mise en fourrière, le message gouvernemental est vidé de sa substance. Il en résulte une perte de confiance chez les usagers, une démobilisation des agents et une vulnérabilité persistante sur nos routes.

Alors que la saison des vacances approche et que les déplacements vont s’intensifier, la sécurité des usagers ne peut plus dépendre de vœux pieux. Si la fermeté doit guider l’action publique, elle doit d’abord se traduire par une dotation urgente en moyens logistiques et humains pour la DGSR. Le Gouvernement est interpellé : tant que les structures chargées de la sécurité routière resteront sans ressources, les ambitions affichées resteront lettre morte.

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