Jamais sous un gouvernement gabonais une telle tradition n’avait existé depuis près de 20 ans : des ministres recevant officiellement des vœux comme s’ils étaient des chefs d’État. Habituellement, seul le Premier ministre a droit à cette marque de courtoisie. Alors pourquoi ce soudain revirement sous le Gouvernement Ndong Sima III ? Une mise en scène de trop dans un contexte où l’administration publique devrait être redressée avec sérieux.
D’où vient cette nouvelle coutume qui consiste à organiser des cérémonies officielles de présentation de vœux aux ministres ?
Jusque-là, seule la primature était concernée, mais aujourd’hui, comme tout semble permis, chacun veut sa part de faste et de louanges. Faut-il s’attendre à voir bientôt les secrétaires généraux, inspecteurs, directeurs généraux, voire chefs de service exiger, eux aussi, leur lot de congratulations officielles ?
À ce rythme, la prochaine étape sera sans doute d’instaurer un calendrier national des vœux où chaque échelon de l’administration aura son jour de gloire.
Le Premier ministre Raymond Ndong Sima, qui a affiché sa volonté de transformer l’administration publique, doit stopper cette mascarade.
Comment prôner la rigueur et l’efficacité tout en tolérant des cérémonies aussi inutiles qu’inédites ? L’urgence du pays n’est pas dans les accolades et les discours fleuris, mais dans l’action et les réformes. S’il veut réellement incarner le renouveau, il doit ramener son gouvernement à la raison.
Car l’exemplarité commence par le sommet, et un gouvernement sérieux ne se distingue pas par l’ampleur de ses réceptions, mais par la pertinence de ses décisions.
Ibrahim Mayombo