Derriere son parcours scolaire, universitaire et politique qui force le respect, Alain-Claude Bilie-By-Nze demeure un personnage controversé, dont le passé est jalonné de trahisons et d’opportunisme politique. Aujourd’hui en prétendue opposition au sein du mouvement « Ensemble pour le Gabon », son positionnement suscite perplexité et scepticisme. En réalité, l’ancien Premier ministre d’Ali Bongo sait qu’il ne sera jamais élu président de la République. Son objectif est ailleurs : s’octroyer un strapontin post-électoral, à défaut du fauteuil suprême.
Un homme du passé, prisonnier de ses contradictions
Alain-Claude Bilie-By-Nze, c’est 14 ans de fidélité à Ali Bongo. C’est l’homme qui avait la lourde mission de défendre l’indéfendable, de justifier l’injustifiable. Tour à tour porte-parole du gouvernement, ministre de la Communication, ministre de la Culture, ministre de l’Énergie et enfin chef du gouvernement, son rôle fut toujours le même : convaincre l’opinion publique que tout allait pour le mieux dans un pays qui sombrait. Il a été le chef d’orchestre d’une propagande à peine voilée, un virtuose du double discours, un artiste du cynisme.
Dans les coulisses, les affaires se sont accumulées : des scandales étouffés, des manœuvres douteuses et une réputation de manipulateur patenté. Les observateurs avertis n’ont pas oublié son passé judiciaire, jalonné de faits peu glorieux : vols, abus de confiance, faux et usage de faux. Sans parler de ses frasques personnelles, notamment l’affaire Rose, qui lui valut le sobriquet peu élogieux de « l’homme qui tire sur tout ce qui bouge ». Un passé que Bilie-By-Nze tente aujourd’hui de balayer d’un revers de main, prétendant incarner un renouveau politique.
Une opposition de convenance pour une ambition mesquine
Notre enquête révèle un calcul bien rodé. Derrière sa posture d’opposant se cache une ambition désespérée : réclamer, après l’élection présidentielle du 12 avril prochain, le poste de Vice-président en charge du gouvernement. Pourquoi ? Parce que son bref passage à la primature sous Ali Bongo ne lui permet pas de bénéficier des émoluments et privilèges réservés aux anciens Premiers ministres. En clair, Bilie-By-Nze ne cherche pas à servir la Nation, mais bien à s’assurer un train de vie confortable aux frais du contribuable. Un proche, ivre dans un maquis de Makokou, ne cachait pas la stratégie du clan : « Raymond Ndong Sima est revenu à la primature, pourquoi pas Bilie-By-Nze ? Il veut faire au moins 24 mois pleins, sans discontinuer. »Pour jouir également, d’un statut d’ancien Premier Ministre
Un homme seul, rongé par son propre individualisme
Son passé politique regorge de trahisons. Ceux qui ont fait route avec lui peuvent en témoigner. Les Dr. Illoko Boussengué, Nicole Assélé et bien d’autres, aujourd’hui à ses côtés, prendront la tangente dès que l’occasion se présentera. Car la stratégie de Bilie-By-Nze est simple : il ne s’agit pas d’un projet collectif, mais d’un plan purement personnel. En atteste le sort réservé à ses anciens collaborateurs, qui l’ont accompagné durant ses années ministérielles. Aucun d’entre eux n’a été intégré à la fonction publique ou au secteur privé. Ils se sont contentés d’errer de ministère en ministère, sans avenir, comme de simples faire-valoir. Ce que l’on pourrait qualifier de pure exploitation.
Et ce schéma ne date pas d’hier. Déjà à l’Université Omar Bongo (UOB), il avait usé des mêmes stratagèmes. La lutte étudiante menée par David Ella Mintsa et d’autres ne devait avoir qu’un seul héros : lui. Son ambition personnelle a toujours pris le pas sur l’intérêt collectif. Ce n’est pas Mba Abessolo qui dira le contraire. Et que dire de ses liens ambigus avec le pouvoir d’Omar Bongo ? Même feu André Mba Obame l’avait publiquement désigné comme un indicateur du régime en place. Un homme qui n’a jamais démenti ces accusations, preuve évidente que le silence vaut acquiescement.
Un avenir politique hypothétique
Bilie-By-Nze se rêve en faiseur de rois. Mais la réalité est tout autre : il est perçu comme un opportuniste sans envergure, un homme isolé, rattrapé par son passé et incapable d’inspirer confiance. Son ralliement à « Ensemble pour le Gabon » ressemble plus à une tentative de survie qu’à un projet politique sérieux. Car au final, Bilie-By-Nze n’a jamais pensé à autre chose qu’à lui-même. Et dans un Gabon en quête de renouveau, les figures du passé ont peu de chances d’être recyclées.
Reste à voir jusqu’à quand durera son illusion d’opposant. Car si l’histoire nous a appris une chose, c’est que Bilie-By-Nze finit toujours par retourner sa veste. Une habitude qui ne trompe plus personne.
Rigobert Zotoumba Oké